Ils perdent tout pour avoir acheté des camping-cars volés en Eure-et-Loir
Ils pensaient faire une affaire en achetant un camping-car à un particulier. À la place, ils sont soupçonnés de recel de véhicules volés.
« Plus de cinq millions de véhicules sont vendus entre particuliers chaque année », rappelle l’avocat de l’un des prévenus. Sa cliente pensait, elle aussi, faire une affaire en achetant un camping-car à un particulier. Cette maison sur roues, c’était le rêve de son mari mourant :
« On voulait vivre ses derniers moments et faire la Corse en camping-car. » Il n’en aura jamais profité et sa veuve est jugée au tribunal de Chartres, aux côtés d’un second acheteur, pour recel de véhicule volé.
Car le camping-car “d’occasion”, qu’elle a acheté 26.000 € à un inconnu, était en réalité neuf et valait plus du double. Comme quatre autres camping-cars, il a été volé dans le jardin de ses propriétaires à Houx, Chartrainvilliers, Bailleau-Armenonville ou encore Auneau, début juillet 2015.
Les camping-cars maquillés en fourgons
L’œuvre de Jimmy Pesquet, paysagiste installé dans l’Essonne, et également jugé. Son ADN a été retrouvé sur le grillage découpé lors du cambriolage dans la nuit du 11 au 12 juillet. Pour les quatre vols qui lui sont imputés, le mode opératoire est le même : la veille du vol, son portable déclenche un relais téléphonique à proximité du lieu du cambriolage. Un utilitaire est également repéré aux alentours. Les portails des maisons sont fracturés, camping-cars emmenés sans les clefs, avec l’aide de complices.
Afin de les revendre “dans les règles”, un contrôle technique est présenté aux acheteurs. Selon la juge, « les camping-cars étaient maquillés en fourgons avec de faux certificats de carrossage ».
De nouvelles clefs sont fabriquées. De quoi tromper les acheteurs, souligne l’avocat de la prévenue : « Le vendeur a fourni deux jeux de clés à ma cliente. On ne parle pas de simples clefs mais de clefs encodées. »
Aujourd’hui, je n’ai plus rien
Les camping-cars revendus aux deux prévenus ont, depuis, été saisis par leur assurance. La femme témoigne : « J’ai revendu ma voiture et emprunté 15.000 € à ma belle-sœur… pour acheter un véhicule volé. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. » Le second acheteur reconnaît sa négligence :
« J’étais allé voir des camping-cars chez un concessionnaire. À la sortie, un homme a proposé de me vendre le sien pour 18.000 €. J’aurais mieux fait d’aller chez un professionnel ». Son avocat précise : « Quand il a reçu la convocation au tribunal, mon client a cru qu’il témoignerait comme victime. Pas comme receleur. Il était totalement profane en matière de camping-cars. »
Des arguments qui font rire jaune les victimes. Un de leurs avocats s’agace : « C’est une plaisanterie ? On n’achète pas un camping-car comme ça ! Mes clients se sont endettés pour acquérir un véhicule à 60.000 € qu’ils n’ont jamais utilisé. »
Les deux acheteurs poursuivis pour recel sont relaxés. Jimmy Pesquet est condamné à un an et demi de prison dont un an avec sursis, deux ans de mise à l’épreuve, avec obligation de travailler et d’indemniser les victimes, à hauteur de 3.700 €.
